Ma rencontre avec Dalida ne s'est pas faite par hasard. Elle m'est apparue comme une révélation dans un moment pour le moins angoissant de ma vie.

 

L'histoire se passe en 2010.
Mon père a brusquement été hospitalisé suite à un accident cardiaque.
Proche de lui depuis toujours, je suis à son chevet, le jour où le cardiologue nous demande de venir dans son bureau.
De but en blanc, il nous annonce que mon père a le cœur trop fatigué, qu'il n'en a plus que pour quelques semaines à vivre... mais que l'on peut tenter une intervention lourde, avec seulement 20% de chances de réussite.
« Il faut tenter, on est au bout, nous lâche-t-il, mais je ne peux pas prendre cette décision pour vous ».
Avec mon père nous nous regardons les yeux dans les yeux. Moi qui l'ai toujours connu en bonne santé, je suis sous le choc. En moi tout un monde s'écroule en un instant.
C'est à nous de décider : quelques semaines à vivre, ou mourir le jour de l'intervention ? Sur le coup nous sommes perdus, démoralisés, désespérés, mais nous comprenons vite que nous n'avons plus rien à perdre. Notre décision est prise : nous nous raccrochons à ce petit fil d'espoir.

L'opération est programmée dix jours plus tard à La Pitié-Salpétrière à Paris.

Moi qui ai toujours connu mon père ne se plaignant jamais de rien, je me demande ce qui pourrait lui faire plaisir, ce que je pourrais lui offrir avant que peut-être il ne parte définitivement. Ce sera peut-être mon dernier présent, alors je n'ai pas droit à l'erreur. S'il s'en va, je veux qu'il reçoive de moi le plus beau cadeau de sa vie.

La musique et le chant sont ma passion depuis de longues années : je chante un peu de tout, je compose aussi, je me cherche, entre variétés et électro.
Mon père m'a souvent demandé de lui chanter des chansons de l'idole de sa vie, Dalida, mais j'ai toujours résisté, question de génération sans doute. Mais aujourd'hui, à lui, à mon Papa, à l'amoureux inconditionnel de la grande diva, quel plus beau cadeau pourrais-je lui faire que de lui interpréter un florilège de la chanteuse de ses rêves ?

Le hic, c'est qu'il ne me reste que très peu de jours, et surtout, que je ne connais ni parole ni chanson de Dalida sur le bout des doigts.

C'est sans compter ma nature. Je suis née avec une joie de vivre qui ne me quitte jamais. Je déborde d'énergie. Ni une ni deux, le Taureau (mon signe astrologique) est lâché ! Je fonce, je me cale un studio, et en seulement trois jours, non sans acharnement, et sans pratiquement dormir, je répète sept chansons : Il venait d'avoir 18 ans, Bambino, Come prima...

C'est ainsi qu'au moment où mon père va peut-être me quitter, Dalida entre dans ma vie. Et de quelle façon ! Elle choisira des voies qui me resteront à jamais inoubliables et mystérieuses ;
Le jour de l'enregistrement, l'ingénieur du son m'arrête en plein milieu d'une chanson, retire son casque et me dit, visiblement choqué : « Ça fait drôle, on a l'impression qu'elle est là, avec nous, à travers ta voix ». Durant ces jours intenses, il se passe même des choses étranges, comme le déplacement inexpliqué d'un pied de micro, ou des bruits bizarres dans le micro. J'ai la sensation d'un grand bien-être, que Dalida est revenue pour me faire un signe, pour me donner son accord et m'apporter son soutien, à mon père aussi, avec tout son amour dont elle débordait.
Vous me croirez ou non, toujours est-il que ces jours magiques m'ont marquée à vie. Des années plus tard, j'en pleure encore en écrivant ces lignes...

Mais revenons à mon père ! Quelques jours avant son opération, donc, je suis toute heureuse de venir lui remettre en main propre le DVD, et de l'écouter avec lui. C'est ainsi que je lui offre d'oublier momentanément ce qu'il vit, le temps de quelques chansons, le temps de lui faire revivre Dalida, de le transporter dans ses plus belles années.
Il est ému. J'ai vraiment réussi mon cadeau.

L'histoire pourrait s'arrêter là. Il n'en est rien.
Arrive le jour de l'opération. Les heures d'attente me paraissent longues, très longues. Je finis par appeler le secrétariat pour avoir des nouvelles. On me demande de rappeler dans deux heures, parce qu'il y a quelques complications.
Sans attendre, je fonce à l'hôpital, et pendant le trajet j'apprends au téléphone que l'intervention ne s'est pas très bien passée, et que mon père est dans le coma.

Je dois attendre le lendemain pour le voir, et seulement pendant 30 minutes. Je me sens démunie et impuissante. Quand on voit quelqu'un dans le coma, on le voit mort, ça fait le même effet. Mais je me mets vite en tête qu'il est encore vivant, et qu'il m'entend peut-être.
Je suis sûre que si je lui chante une chanson, ça va l'aider. Une chanson de Dalida bien sûr !
Je fais ma demande incongrue au médecin, qui, à ma grande surprise me répond : « Oui, au contraire, quand les gens sont dans le coma, c'est très bien de leur parler et pourquoi pas de leur chanter une chanson. Et si en plus c'est une chanson de Dalida... »

Vous imaginez bien que j'ai une voix qui porte un peu trop pour me lâcher pleinement dans une chambre d'hôpital ! Alors je me résigne à démarrer ma chanson tout bas, en me rapprochant de son oreille : « Il venait d'avoir 18 ans il était beau comme un enfant... » Je sens immédiatement qu'il m'entend, et encore un fois, j'ai cette impression étrange que nous ne sommes pas seuls, que l'esprit de Dalida est avec nous.

Les jours passent, il est transféré à l'étage, c'est bon signe. Je demande à rester à son chevet 17h/24h. J'assiste patiemment à son retour à la vie. Je le vois réouvrir les yeux. Je lui parle, je vois que ça le rassure. Il me confirmera que Dalida l'a bien aidé à revenir, ou plutôt sa fille, et si c'était les deux ?
Je suis encore présente quand il part en centre de rééducation. L'orage est passé. Je suis de plus en plus sereine.

Voilà comment je me retrouve avec sept chansons de Dalida sur les bras et tellement heureuse du résultat.
Et c'est alors que, emportée par mon enthousiasme, je décide d'aller encore plus loin pour mon père, en organisant un spectacle, avec l'aide d'une mairie, à l'occasion de la sortie de sa convalescence. Imaginez la scène finale : mon père, assis devant le spectacle de Dalida réalisé par sa fille, qui n'arrête pas de dire aux gens à côté de lui : « C'est ma fille ! ».

A la fin de la soirée, il me lance, rempli de joie et de fierté : « Bon, c'est quand le prochain spectacle ? » C'est là que je comprends que je ne peux plus revenir en arrière.
Depuis, mon père en a vu passer des scènes. Et comme dit Dali dans Gigi l'Amorozo : « Les années ont passées ».

Et moi, je suis toujours là. Et mon père aussi.

 

PS :

Mon premier prénom déposé en mairie à la naissance était DALIDA.

Je suis née le 2 mai, le même jour que DALIDA c'est malheureusement donné la mort, pas la même année.

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Commentaires

Monique TRIBOT
il y a 2 ans

Bonjour ma petite nièce . Une très belle histoire , qui finie bien , et qui a redonnée la joie de vivre à ton papa . Continues sur cette voie car tu chantes bien , et tu mérites de réussir . Bon courage !!!! - Et " fonce" . Bisous ( ainsi qu' à ton papa )

Stephano
il y a 3 ans

Elle est belle et triste votre histoire la vie nous réserve toujours des choses bizarre moi j'ai vécu un truc pareil avec ma maman sauf que je ne chantais pas elle aimait beaucoup mike brant elle est parti depuis 5 ans . votre histoire m'a beaucoup touché

Kaptan
il y a 3 ans

J'ai lu ton histoire magique bon courage pour la suite bisous à vous deux

 

 

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